2) Alchimie interne taoïste et bouddhisme Chan :
Les pratiques traditionnelles de Qi Gong taoïstes et bouddhistes, très axées sur la méditation (alchimie interne pour les taoïstes, méditation Chan pour les bouddhistes : ces deux voies se complètent et ne s’opposent pas) : elles constituent un travail interne pour retourner à notre nature véritable, réintégrer notre esprit originel (Yuanshen), retrouver l’éclat de notre âme. Elles allient un travail d’introspection (yin) à des pratiques énergétiques (yang) fournissant l’énergie nécessaire à la transformation.
Dans la vie quotidienne, cela implique un travail sur soi, une progressive prise de conscience et déconstruction de nos conditionnements, pour petit à petit reconnaître et incarner nos dons et aspirations profondes. C’est une condition fondamentale à notre bonheur.
Dans l’état méditatif, on parle de raffinement et transformation des énergies vers un retour au Tao, à la Vacuité, à un espace de calme, de paix et d’amour indescriptible et hors de tout espace-temps. Le méditant quitte l’agitation et les désirs du monde extérieur, pour réaliser que notre aspiration profonde, c’est la paix, et qu’elle est déjà en nous.
Cette Voie implique plusieurs dimensions :
- les taoïstes évoquent l’image d’apprendre à « chevaucher le tigre », c’est-àdire de maîtriser notre énergie vitale, nos instinct et pulsions primaires, pour en faire nos alliés et accomplir notre « destinée », dans le sens d’incarner notre plein potentiel de sagesse. On parle de Ming, le « décret du Ciel », qui désigne la vie du corps, les instincts reproducteurs et de préservation de l’espèce et de la famille (pouvant mener à un esprit conquérant et compétitif) ...
Kwan Yin ayant dressé son tigre
- Il s’agit également d’apprendre à maitriser le mental émotionnel (Xin), symbolisé par la métaphore taoïste de dresser le « singe de l’esprit » (xinyuan). L’agitation désordonnée et capricieuse du singe, ses mouvements aussi agiles qu’imprévisibles, représentent les vaines entreprises de l’esprit humain. Le pratiquant apprend à dresser le singe, son esprit, pour pouvoir le concentrer dans la méditation. Bouddhisme et taoïsme font référence au dressage de différents animaux indociles : éléphant dans le bouddhisme tibétain, buffle dans le bouddhisme Chan, cheval ou singe dans le taoïsme.
Schéma du dressage du buffle dans le bouddhisme Chan
L’esprit qui s’échappe est parfois aussi représenté par un dragon qui s’envole et qu’il faut ramener en soi. On parle alors de Xìng, la nature humaine, la « vie du Cœur », traversé par tous les mouvements émotions et sentiments naturels et spontanés (Xin). Par un travail d'observation des étapes du processus de perception (sensations, émotions, sentiments, pensées...), nous apprenons progressivement à nous distancier de nos émotions brutes pour ne plus les laisser diriger nos actions. Pour cela, Lao Tseu préconise de « Vider le Cœur », c’est-à-dire de garder un espace libre dans le Cœur, nous permettant d’adopter une posture de témoin, une conscience stable qui observe l’activité du Xin (mental émotionnel en mouvement), sans s’y identifier, ni la suivre.
Tout l’art de l’alchimie interne taoïste consiste donc en un travail conjoint et persévérant de Xìng (représenté par le dragon) et Ming (représenté par le tigre).
L’or des philosophes, obtenu par la culture conjointe de Xìng et Ming
Lao Tseu, père du taoïsme, dans le Tao Te King, livre de la Voie et de la Vertu, décrit ce chemin de « retour à l’origine », à notre nature véritable (Yuanshen), que nous avons à faire, pour redevenir un homme libéré (de ses perturbations mentales) (Zhong Ren), un homme ou une femme de « De » (Vertu), dont les émotions brutes ont été transmutées en sagesse et qui, sans agir (Wuwei), rayonne naturellement une énergie positive, bienveillante et apaisante.
Dans notre association, nous pratiquons au fil de l’année différentes méditations traditionnelles d’alchimie interne taoïste et bouddhiste. Il s’agit d’un travail sur les énergies, accompagné d’explications des philosophies traditionnelles taoïste et bouddhiste. Chacun est laissé libre de faire par lui-même et comme il l’entend le travail de connaissance de soi nécessaire à l’efficacité transformatrice de ces pratiques.
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